
La thérapie est ce long chemin de soin. Elle répare les blessures passées, mais c’est aussi et surtout un travail de réajustement, de clarification. Car il y a la souffrance liée à un passé traumatique mais il y a aussi la souffrance de ne pas être celui que l’on voudrait être, la souffrance de ne pas être à sa place et la souffrance de manquer de sens et de ne pas le trouver dans sa vie.
Nous sommes donc en présence de deux façons de concevoir la souffrance : l’une en lien avec le passé et l’autre en lien avec notre état d’être présent, il y a aussi deux façons de concevoir la thérapie : l’une qui répare et l’autre qui invite le patient à se rencontrer, à se transformer perpétuellement et à se lancer dans une quête de sens. La thérapie est donc un chemin de vie, une voie initiatique, un chemin spirituel. Où tout d’abord, il nous ait demandé de nous engager, d’accepter l’aventure, de lui dire OUI. S’engager, c’est accepter le travail, accepter les épreuves, accepter de changer, accepter que le chemin soit long. Et nous allons vers une thérapie qui est un chemin de vie, qui n’a peut être pas de fin, ce n’est plus la thérapie qui dépasse une problématique, c’est une thérapie qui nous invite à continuellement nous transformer, à continuellement nous dépasser. Et cette transformation passe par un travail quotidien de labour. Comme le jardinier qui travaille sa terre, comme le potier qui travaille son argile. Cette première étape pour préparer la matière. Et l’œuvre commence dans ce travail de la matière première. Rien ne vient sans le travail de cette terre, rien ne vient sans l’engagement dans ce travail. C’est le mouvement continu de rotation du moulin, ce mouvement de rencontre avec la terre pour le paysan. On travaille sa terre pour la rendre plus meuble, pour qu’elle soit plus disponible, pour qu’elle puisse accueillir du nouveau, et nous pouvons mettre des graines. L’artiste, le paysan, va créer une œuvre belle mais il y a d’abord la noblesse du premier travail. La noblesse de se mettre au travail.
Et ensuite en thérapie vient la rencontre avec ses monstres, avec ses ténèbres. Et nous creusons, nous nous risquons à creuser dans nos galeries souterraines. Pour faire face à nos monstres. Mais chaque fois que nous creusons, c’est pour mieux retrouver la lumière. Donc chaque fois que nous descendons, nous montons plus léger. Du grossier nous allons vers le subtil.
Tout ce voyage est possible, si chaque jour, nous acceptons de nous mettre au travail. L’alchimie est possible, si nous nous mettons en joie à l’ouvrage.