Je suis le bâtisseur de cathédrale. Une pierre chaque jour pour un monde qui s’élève. Des fondations profondes et stables pour un édifice intemporel. Mes mains griffées par la pierre, mon regard qui envisage le mur qui s’achemine. Mon désir de laisser une trace, que mon existence ne soit plus vaine. Etant plus jeune, j’avais des rêves fous, des projets de châteaux en Espagne, des palais en Mandchourie ou Moldavie. Désormais je ne rêve plus, je bâtis ce rêve qui s’élève. Mes chimères ont laissé la place aux outils de mesure, à la chaux et aux manivelles. Tous les matins, je sais pourquoi je me réveille, hors de mon lit, je suis déjà tendu vers ce dessin de flèches vers le ciel. Une pierre l’une après l’autre, pleines comme ces journées entêtées de l’architecture de ce rêve. Je bâtis la cathédrale chère aux hommes, qui se souviendront l’avoir rêvée, l’avoir bâtie, l’avoir aimée.